Faire sur ce blog des discographies détaillées... depuis quelques jours, j'en rêve. Ca m'a pris comme une envie de pisser après un coca, lorsque j'ai réécouté Abbey Road l'autre soir. Je me suis dit, "tiens, faudrait vraiment que je fasse la discographie des Beatles" ! Et, pour commencer une catégorie comme ça, quoi de mieux que de commencer par le plus grand groupe de tous les temps ? Une discographie quasi-parfaite, hormis deux faux pas, et qui s'apprécie toujours autant après des années et des années d'écoute, même quand on la connaît par coeur (j'en sais quelque chose !). Une série d'albums mythiques, enregistrés et publiés de 1963 à 1970, sept années quintessentielles qui ont vues le rock évoluer, grâce à des albums tels que Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band ou Revolver. Trêve de bavardages, let's go !
Please Please Me, 1963: With Love Me Do, and 12 other songs ! La pochette, bien ancrée dans son époque, donne le ton. Une photo cultissime du groupe dans les studios Parlophone. Les Beatles, c'est là, c'est aujourd'hui, c'est maintenant, et no shit. Ces gens sont tous jeunes, ils ont à peine 20 ans, et pourtant, c'est déjà la Beatlemania. Je ne vous refais pas l'histoire à partir du début, hein, on ne la connaît que trop ! Ce premier album est composé de 14 titres, et à peu près autant de chansons originales signées du tandem Lennon-McCartney, que de reprises. Soyons clairs: sur la forme, c'est un classique total, et un disque à posséder à tout prix, parce que c'est le premier Beatles. Mais peut-on en dire autant sur le fond ? Honnêtement, non... Please Please Me est probablement le pire album des Beatles. Tout n'est pas foncièrement mauvais: l'éponyme est sublime, I Saw Her Standing There est un classique instantané de rock'n roll qui envoie le bois, et Love Me Do est immortelle, constitue le début de la plus grande aventure du rock et de la pop. Malheureusement, pour le reste, c'est le plus souvent atroce, à l'image de quelques merdes abyssales et mièvres qui ne valent pas un rot de nostalgie (copyright Leslie Barsonsec, 2012), telles que Ask Me Why, Misery, A Taste Of Honey (la pire du lot, probablement)... Bref, on n'a qu'une envie avec ce disque: que ça s'arrête, le plus vite possible, tellement ça fait mal au cul d'entendre les jeunes Scarabées faire ça. Les paroles sont tartignolles au possible, et les compositions sont médiocres: ici, pas de She Loves You, pas de From Me To You... non, rien de tout ça, alors que ces tueries datent de la même époque, ce qui fait vraiment penser que les Beatles ne sont bons qu'à sortir des 45 Tours d'enfer, parce qu'en LP, ça rame sévère... Heureusement que ça ne dure que 32 minutes, heureusement que Lennon, Macca et Harrison ne continueront pas sur cette voie, heureusement que Ringo ne chante pas encore... bref, enlevez-moi ça des oreilles !!!
Meilleure chanson: I Saw Her Standing There
With The Beatles, 1963: Ah, là par contre, les choses se corsent. Là, ça devient du lourd. Du sérieux. Ce deuxième 33-T du groupe est le vrai coup de départ, un album fédérateur et qui marque le début de beaucoup. Sous cette pochette magnifique, les compos sont plus recherchées, l'énergie est bien présente, et John, Paul, George et Ringo s'apprêtent à tout niquer. Bon, tout n'est pas parfait: With The Beatles, ou Meet The Beatles dans sa version ricaine d'époque, peut se targuer de contenir deux des pires chiures jamais écrites par Lennon et Macca: Little Child et I Wanna Be Your Man sont en effet honteuses et à bannir. Mais le reste, c'est le panard ! Le disque ne contient qu'un seul gros classique, c'est ce fantastique moment de pur McCartney qu'est All My Loving, un des sommets de l'album. Mais limiter With The Beatles à ça serait absurde. L'album contient une floppée de grands moments de rock. It Won't Be Long est une ouverture fantastique où John fait des merveilles, Not A Second Time est une splendeur, tandis que Harrison, pour sa première composition au sein du groupe, se démarque déjà en signant ce qui est probablement le sommet des compos originales de l'album, j'ai nommé Don't Bother Me, une chanson déjà au niveau du futur A Hard Day's Night. Le skeud contient aussi quantité de reprises, et la perle là-dedans est sans doute Please Mister Postman, une des meilleures versions jamais enregistrées de ce standard, qui montre une fois de plus que Lennon, vocalement, est taillé pour le rock'n roll de base, bien con et bien bourrin. Cette voix, nom de dieu !! Il en va de même pour les reprises de Roll Over Beethoven et Money (That's What I Want)... Bref, avec ce deuxième cru, les Bealtes envoient tous leurs fans de l'époque aux anges. La machine est lancée, le moteur est bien chaud, enfin ! Faut croire qu'il avait démarré un matin de grand froid... Vous m'avez compris: malgré deux horreurs, c'est paradisiaque ! Dire que le suivant est encore meilleur !
Meilleure chanson: Please Mister Postman
A Hard Day's Night, 1964: Avec 30 minutes au compteur, c'est l'album le plus court du groupe. Pourtant, l'oublier serait un scandale. Pour la première fois ici, aucune mauvaise chanson, pour 13 titres originaux (aucune reprise !). Ce troisième opus Beatlesien est le premier chef d'oeuvre absolu du groupe. Une pochette assez moche, mais au concept marrant, pour une enculade de classiques: le titre éponyme, du pur Lennon qu'on ne présente plus, est grandiose, est est l'une des plus grandes ouvertures d'album des Scarabées. A Hard Day's Night, côté tubes, c'est aussi Can't Buy Me Love et And I Love Her, deux fééries signées Macca. Là, pareil, sa patte est reconnaissable direct, et son génie commence à se distinguer. Pondre de pareilles merveilles à seulement 23 ans ne mérite que le respect. Surtout qu'il signe également, sur A Hard Day's Night, l'un des grands piliers de l'album, l'IMMENSE Things We Said Today qui restera à jamais l'un de ses plus beaux exploits pop. Pas de chanson de Harrison ici, le reste du disque est donc fortement dominé par Lennon. Et il ne chôme pas, le père John, à l'image des merveilles absolues que sont I Should Have Known Better, If I Fell (des frissons rien que de repenser à cette chanson...), Any Time At All (Macca n'aurait pas fait mieux en la matière...) ou le final I'll Be Back. Rien à jeter sur ce pur joyau de la pop et du rock british. Tout au plus, I'll Cry Instead et You Can't Do That ne sont pas aussi mémorables que le reste, mais c'est vraiment pour pinailler ! Un album indispensable. A noter que la coda finale de I'll Be Back me fait furieusement penser à la future pièce maîtresse de Love, The Red Telephone: simple coïncidence ?
Meilleure chanson: Things We Said Today
Beatles For Sale, 1964: En 1964, les Beatles ont fait beaucoup de choses. Un album d'enfer (voir plus haut !), un film, la conquête des USA, la découverte de la marijuana avec Bob Dylan (véridique !), et Lennon qui sort que son groupe est plus populaire que le Christ. Alors, fin 64, les Beatles n'en peuvent plus: ils sont épuisés, fatigués. Et quand un groupe fatigué sort un album, c'est une catastrophe. La preuve avec ce Beatles For Sale tout simplement foireux. On tient ici, avec le premier, le pire album du groupe, vous avez bien entendus. Pourtant, il y a de la bonne foi ici, et tout n'est pas à jeter. Par exemple, No Reply est parfaite en guise d'ouverture, Lennon a toujours la classe. Idem avec le classique Eight Days A Week. Du côté de McCartney, le gus signe le sublime What You're Doing et n'en démord pas avec son sens de la mélodie. Au coin des reprises, on peut citer le génial et jouissif Rock And Roll Music de Chuck Berry, repris ici par Lennon: un punch incroyable qui en fait le sommet de l'album. Et Harrison de réhausser le niveau avec son interprétation de Everybody's Trying To Be My Baby de Carl Perkins. Malheureusement, le reste du disque est aussi moche que la coupe de cheveux de George sur la pochette de l'album, et les morceaux calamiteux se succèdent, comme ce Mr Moonlight ridicule, ce Honey Don't interprété par Ringo, ou ce I Don't Want To Spoil The Party au titre bien mensonger... I'll Follow The Sun, Baby's In Black ou Every Little Thing auraient pu être sublimes si elles avaient été mieux exploitées... Bref, Beatles For Sale, c'est l'album de trop dans la Beatlemania de l'époque, et malgré quelques réussites, mieux vaut l'oublier. Pour tout dire, Eight Days A Week a beau être une des chansons qui s'en tirent le mieux ici, c'est aussi la moins bonne de tout le fameux double rouge... Un paradoxe qui en dit long sur la qualité de ce 4ème cru...
Meilleure chanson: Rock And Roll Music
Help !, 1965: Hé, John, un E vivant, ça se fait pas comme ça ! En même temps, sur cette pochette ridicule, les Beatles ne semblent pas vouloir représenter le mot "Help", bien que Harrison et McCartney aient une posture proches du H et du L... M'enfin, rassurez-vous: le contenu est plus beau que le contenant. Et je vais même dire quelque chose qui relèvera du blasphème auprès de certains fans: Help !, cinquième LP des Beatles, est l'un de mes grands chouchous du groupe, un de mes albums préférés d'eux. Si. Il faut bien dire les choses comme elles sont: après un Beatles For Sale particulièrement mauvais, les Scarabées font un retour en force pur et dur, et la face A de Help !, qui constitue la musique du génial film de Richard Lester, est sûrement la plus grande face d'album jamais enregistrée par les Beatles. Point barre. 7 titres, et aucun en dessous des autres, que des inaltérables merveilles musicales. Déjà, les méga-tubes de Lennon, Help et Ticket To Ride, sont surpuissants, mais limiter cette face A magique à eux serait un crime. Côté Lennon, c'est aussi la ballade You've Got To Hide Your Love Away, une des plus belles qu'il ait écrites, et ce non moins fantastique You're Gonna Lose That Girl. McCartney, de son côté, utilise la manière forte et signe le sommet de l'album entier, le mémorable The Night Before, peut-être le meilleur morceau rock des Beatles, un pain dans la gueule toujours aussi efficace 45 ans après. On lui accorde aussi le très sympa Another Girl. Enfin, Harrison signe, comme à son habitude, une véritable pépite, ce I Need You atteignant des sommets rarement égalés en matière de pop. Bref, cette face A est un monument absolu en tous points. Mais Help !, c'est aussi une face B. Disons-le tout net, elle est moins efficace que la A, mais possède quand même des qualités indéniables. En plus de contenir une chanson qu'on ne présente plus, j'ai nommé Yesterday, sur laquelle je ne m'attarderais pas car il n'y en a pas besoin, tant elle est magnifique, cette face contient aussi Dizzy Miss Lizzy, une reprise évidemment, où Lennon se fait, comme d'habitude quand il s'agit de reprendre le rock'n roll, un dieu total. Dans un autre style, It's Only Love le montre aussi au sommet. La seule chanson que je n'ai jamais trop apprécié sur Help !, c'est ce Tell Me What You See un peu usant à la longue (mais rien de grave). Pour le reste, c'est Byzance, c'est tout ce que vous voulez, mais c'est un joyau comptant parmi les plus belles oeuvres des Beatles. Et un de mes préférés, aussi.
Meilleure chanson: The Night Before
Rubber Soul, 1965: Ce qui est assez sympa, avec les Beatles à partir de 1965, c'est que chaque album est plus puissant encore que le précédent. Et là, on est encore une fois face à du très lourd ! Sur la pochette, les Beatles avec les cheveux longs, et le lettrage orangé hippie avant l'heure qu'on ne présente plus... Bienvenue dans l'âme-gomme, dans Rubber Soul. Un album qui représente à lui seul un bon quart des chansons présentes sur le double rouge, et pensez-vous: c'est probablement l'album des Beatles sur lequel on retrouve le plus de classiques, avec Magical Mystery Tour. Allez, je vais citer la floppée totale: Drive My Car, Girl, Michelle, Nowhere Man, In My Life, Norwegian Wood (This Bird Has Flown)... Tout ça, c'est sur le même album. Et clairement, que peut-on en dire qui n'a pas déjà été dit un million de fois ? C'est grandiose, c'est fabuleux, ça va au-delà de l'imaginable. Il y a quand même un morceau pas top sur Rubber Soul, c'est ce Wait assez anecdotique. Pour le reste, on trouve quelques incartades psychédéliques avant l'heure, avec ce If I Needed Someone bien classieux de Harrison, ou donc, ce fantastique Norwegian Wood (This Bird Has Flown). Que dire, aussi, face à ce magique You Won't See Me de Macca ? Rubber Soul s'impose également comme un album assez haineux, presque Stonesien dans ce jouissif Run For Your Life final de Lennon, où l'intéressé clame à une donzelle qu'il préfèrerait la voir morte qu'avec un autre. Ambiance ! I'm Looking Through You montre Macca également bien énervé, et Harrison signe une de ses compos les plus énérgiques avec Think For Yourself. Au niveau des classiques, c'est intouchable, et ce mot s'applique à tout ce qui a été cité plus haut. Mention spéciale à ce In My Life formidable, de l'immense Lennon. Putain, même Ringo s'en tire bien avec son What Goes On ! Allez, assez parlé, je pense qu'à ce niveau-là, le mieux reste d'écouter !
Meilleure chanson: In My Life
Revolver, 1966: En 1966, c'est un cataclysme: Brian Wilson et les Beach Boys renvoient tout le monde aux pâquerettes avec leur Pet Sounds. Un album merveilleux fait dans le but de surpasser Rubber Soul. Forts de cette branlée musicale, les Beatles contre-attaquent et signent, un peu plus tard dans l'année, cet album que l'on ne présente plus, Revolver et sa pochette mythique. Ce sera un triomphe, qui, s'il ne fait pas oublier l'album des Beach Boys, le talonne. Vraiment. L'un dans l'autre, ces deux albums sont une révolution: ils marquent l'arrivé d'un nouveau style, le rock psychédélique. Et pour ce nouveau style, les Beatles n'y vont pas de main morte... Deux classiques absolus présents sur l'album: Yellow Submarine et Eleanor Rigby. Si la première, interprétée par Ringo Starr, est, ne nous voilons pas la face, assez anecdotique bien que sympa; la seconde est du fabuleux McCartney, un des sommets de l'auteur avec son orchestration divine et ses paroles tristes mais magnifiques, sur la solitude. On pourrait accuser cette chanson, et Yellow Submarine, de vampiriser le reste de l'album. Reste qui est, le plus souvent, immense. Harrison signe ici trois chansons, un record ! Dont le fameux Taxman, perfection rock en guise d'ouverture. Il fait également découvrir aux fans son nouveau hobbie: la musique indienne, avec ce Love You To initiatique. McCartney, lui, n'en finit plus de signer des merveilles, et outre Eleanor Rigby, on a droit au sublimissime Here There And Everywhere, au non moins sublime For No One avec son piano enivrant, et au très rock Got To Get You Into My Life, devenu un de ses classiques. Lennon, lui, s'octroie la part belle avec sa furie Tomorrow Never Knows et sa rythmique cultissime. Parmi ce que l'on retiendra de lui pour Revolver, citons également le très psyché She Said She Said, et le génial et amnésique I'm Only Sleeping, ma préférée de l'album personnellement. Revolver, une révolution à lui seul et qui s'en porte bien. Tout le monde devrait naître avec ce disque dans la peau, une cavalcade insensée de 14 chansons ayant changé le rock, et qui prouve que, malgré les tentations des Beach Boys de prendre le devant, les Scarabées s'en tirent de mieux en mieux au fil du temps et des albums...
Meilleure chanson: I'm Only Sleeping
Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, 1967: Comme on a pu le voir, chaque album des Beatles constitue une révolution. Mais là, que dire ? Pas de barratin qui tienne, tout le monde connaît ce 8ème cru du groupe avec sa pochette fantastique, j'ai nommé Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band. Si cet album, souvent hissé au statut de "plus grand disque de tous les temps" et autres conneries, est aussi réputé, c'est parce que, avouons-le, dans la forme, c'est un MONSTRE. Pensez-donc: une photo impensable en guise de pochette, disque vinyle blanc, paroles imprimées au verso de la pochette, atelier découpage proposé sur un grand papier vert... le tout couronné d'une belle photo des Beatles sur fond jaune quand on ouvre le vinyle original: bref, cet album se doit d'être possédé en vinyle. Maintenant, sur le fond. C'est une épreuve difficile pour le groupe. Ici, ils doivent faire sans Brian Epstein, leur mythique manager, qui les a quittés au début de l'année 1967. Mais pas de panique, ils vont faire sans, les grands gaillards. Ils se laissent pousser la moustache, Lennon opte pour les lunettes rondes qui feront sa marque de fabrique. Flower power style ! Et musicalement, 13 morceaux, pour 39 minutes. Jusque-là, les albums du groupe n'avaient pas dépassé les 35. Et aucune chanson ne faisait plus de 3 minutes. Tout ça, avec Sgt. Pepper's, c'est aussi fini que Capri. Preuve avec ce A Day In The Life final de 5 minutes, un morceau époustouflant et incroyable, autant pour l'époque que pour celui qui l'écoute en 2012. Morceau de Lennon, avec toutefois une intervention de McCartney au centre. C'est tout simplement indescriptible, de cette intro acoustique à ce grand bordel bien bruitiste, jusqu'à la fin avec ce long accord de piano et ce bonus caché qui, sur le vinyle, durait infiniment (sillon bloqué). On est ici face à l'une des plus grandes pièces de l'histoire du rock, mais oublier le reste de l'album serait un crime. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, monumental en intro avec ses gimmicks sonores; With A Little Help From My Friends ou Ringo excelle vocalement (si !); Lucy In The Sky With Diamonds où Lennon semble planer bien haut... Chaque chanson de cet album est un mythe à elle seule. Macca signe le symphonique et grandiose She's Leaving Home ainsi que le très amusant When I'm Sixty Four, devenu culte. On citera aussi le très attachant Getting Better de sa part. Within You Without You montre à nouveau Georgie en gourou hindou, et c'est très réussi comme ça. Sgt. Pepper's ne contient qu'une nazerie, c'est ce Good Morning Good Morning assez abject. Du reste, à défaut d'être le meilleur album des Beatles, c'est un cru immense, incroyable comme toujours, aussi réussi que mythique. I read the news today, oh boy... !
Meilleure chanson: A Day In The Life
Magical Mystery Tour, 1967: Pas bon la came... C'est clairement ce que l'on se dit au vu de la pochette de ce Magical Mystery Tour, 9ème album du groupe, sorti en 1967. Clairement, il s'agit de la pire pochette du groupe, et de l'une des pochettes les plus atroces de l'histoire du rock. En dehors de ça, l'album est, une nouvelle fois, un triomphe pour les Beatles, et la suite logique de Sgt. Pepper's. Magical Mystery Tour contient un paquet effarant de tubes, de classiques. Côté McCartney, vas-y que je te balance Hello Goodbye, un excellent petit tube pop à défaut d'être l'un des sommets de l'album. Vas-y que je te balance aussi Penny Lane, une splendeur totale qui a de quoi foutre à genoux à chaque fois. Enfin, tranquillement, vas-y que je t'inclus dans le set une de mes plus belles chansons, un diamant brut nommé The Fool On The Hill, que les mots ne suffisent pas à décrire... Dire que du côté de Lennon, c'est encore mieux: Strawberry Fields Forever, qui me terrifiait quand j'étais gosse (ces dernières secondes, franchement...), est limite insurpassable dans son genre. Du psychédélisme de haut niveau, et que dire de I Am The Walrus ? Sommet absolu de l'album et l'un des grands sommets du groupe, c'est l'égal de A Day In The Life sur le précédent. Une démonstration de musique, qui achève l'auditeur à chaque fois du haut de son GOO GOO GOO JOOB légendaire... Evidemment, on n'oubliera pas de citer All You Need Is Love, que tout le monde connaît, et qui est parfaite en fin d'album et en message de paix, ainsi que le titre éponyme, fantastique également. Harrison se paye le très sombre et méconnu Blue Jay Way, de son côté. En bref, Magical Mystery Tour est un classique de plus, une claque dans la gueule de plus, et une pierre capitale dans le mur de la légende Beatles.
Meilleure chanson: I Am The Walrus
The Beatles, 1968: En 1968, c'est le grand chambardement pour les Beatles. Un voyage en Inde que seul George appréciera, le début de l'aventure entre John et Yoko... Tout ça et bien plus encore, des choses qui font que rapidement, des tensions se créent au sein du groupe. Et au bout d'un moment, ça devait capoter: arrive le moment où les Beatles ne peuvent plus se blairer. Aussi, ce "double blanc" qui sort le 22 Novembre 1968, 10ème album du groupe, et leur seul double album (hors best-ofs), n'est pas un album des Beatles. C'est un album de John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr. Mais un album des Beatles, sûrement pas. Multi-instrumentistes, les gars ont enregistré leurs chansons chacun dans leur coin, pour les mettre en commun ensuite. Ca donne un amas de 30 morceaux (31 si on compte Can You Take Me Back, 30 secondes non-créditées et incorporées à la fin de Cry Baby Cry) différents, pour une heure et demie de musique. Sur la forme, c'est, comme Sgt. Pepper's, révolutionnaire: le seul double album du groupe, une pochette toute blanche avec, sur les vinyles d'époque, un "The Beatles" inscrit en relief... La grande classe. Dans le fond... ben... pareil. Mais il va être bien compliqué de parler du double blanc. En gros, il s'agit d'un album parfait à cause de ses défauts. The Beatles ne serait pas le chef d'oeuvre escompté s'il n'avait pas ces quelques chansons à peine dignes de fonds de tiroir, et qui font tout son charme. Par exemple, prenons ce Ob-La-Di Ob-La-Da horrible, ce Why Don't We Do It In The Road relevant du foutage de gueule, ou le fendard Good Night final et son irremplaçable Ringo qui prend pour l'occasion une voix de crooner à se pisser dessus... Ce ne sont pas les seuls exemples de morceaux médiocres, ratés. Mais The Beatles, c'est aussi des joyaux, des diamants bruts absolus. Lennon, en plus de se démarquer avec son avant-gardiste Revolution 9 que l'on adore ou l'on déteste (moi, j'adore !), signe aussi de vrais trésors pop: comment ne pas tomber sur le cul face à Dear Prudence, Happiness Is A Warm Gun, I'm So Tired, Sexy Sadie, Revolution 1 (réécriture baba cool du 45 Tours Revolution que John jugeait trop rock) et Cry Baby Cry ? Le meilleur, pour lui, restant sans aucun doute l'inoubliable Yer Blues et sa psychanalyse qui annonce à l'avance l'ambiance de Plastic Ono Band, sans compter sur cette pure merveille folk parlant de sa mère, Julia, une chanson qui me fout les larmes aux yeux... McCartney peut compter sur les chansons les plus rock de l'album: le bordel total et mythique Helter Skelter, c'est lui. Et l'ouverture en grande pompe Back In The U.S.S.R aussi ! Macca a des couilles, et il le montre ! Mais il sait aussi se faire doux: Blackbird, Martha My Dear (sur sa chienne), Mother Nature's Son sont de sublimes moments de douceur. Ringo a droit à sa chanson, Don't Pass Me By, et il s'en tire honorablement. Reste Harrison. Georgie a une chanson sur chaque face, soit quatre au total. Si on excepte le délire porcin Piggies, qui inspirera malheureusement ce taré de Charles Manson, le reste est parfait. Long, Long, Long est tout calme et fait toujours son effet. Au contraire, Savoy Truffle est un grand moment bien funky. Reste celui que j'ai gardé pour la fin, While My Guitar Gently Weeps. Et là, que dire ? C'est inestimable. Ma chanson préférée des Beatles, une de mes 10 chansons préférées au monde, et l'une des raisons qui font que Harrison est mon Beatle préféré. La perfection même que cette chanson. Le double blanc, lui, n'est pas un album irréprochable. C'est un album inégal, même s'il contient plus de réussites que de médiocrités. Mais, paradoxalement, c'est bien pour ça qu'on l'aime, The Beatles. Et le White sans Good Night n'est pas le White. Un joyau de la musique moderne, au potentiel et au culot inégalé de nos jours. Indispensable.
Meilleure chanson: While My Guitar Gently Weeps
Abbey Road, 1969: Les relations ont encore empirées au sein du groupe. C'est la guerre, et il faut bien prendre la décision fatale: la séparation. Alors, avant de partir, pourquoi ne pas se réunir malgré tout, et pondre un dernier chef d'oeuvre ? Ca va être chose faite. Courant 1969, les Beatles abandonnent leur projet «Get Back», pour se concentrer sur ce qui sera leur chant du cygne, Abbey Road. Indéniablement la plus belle pochette des Beatles, et l'une des plus belles pochettes du rock, que l'on ne présente plus, ce 11ème album du groupe est aussi leur plus long (double blanc excepté bien sûr), avec 47 minutes, long pour un vinyle simple, et de plus, un vinyle vert... En effet, le vinyle original d'Abbey Road est vert pomme ! Les Beatles sont encore une fois novateurs dans l'industrie du disque. Musicalement, c'est leur magnum opus, clairement. 17 chansons, et quelles chansons ! Je ne sais même pas par laquelle commencer. Come Together est l'un des gros hits de l'album et est sublime en guise d'ouverture. Something est digne de All Things Must Pass, un immense Harrison qui fout ses tripes à l'air, tout comme dans le tube Here Comes The Sun, une vraie merveille qui fait démarrer en douceur la face B. McCartney a le rigolo (enfin... on parle quand même d'un psychopathe, hein ? Dans les paroles...) mais très agréable Maxwell's Silver Hammer, la ballade blues Oh ! Darling et le superbe You Never Give Me Your Money en plusieurs parties. Lennon s'offre le morceau fleuve I Want You (She's So Heavy), presque 8 minutes de furie, et le dernier morceau enregistré par les Beatles. Oui, après cette chanson, c'est fini. D'où cette fin violente, brute, subite. Ringo, enfin, compose le très sympa Octopus's Garden ! Le déchirant Because achèvera les sensibles avec les voix des Scarabées mises ensemble. Voilà pour les "grosses" chansons; le reste de l'album, c'est le medley final. Et là... Tout l'art des Beatles exposé, les tripes à l'air, en 10 minutes chrono. L'adieu absolu. Le grand final. Que dire ? C'est beau, ça vient prendre là où ça fait mal, c'est la fin du plus grand groupe de tous les temps. Rien que ça. Sun King, Golden Slumbers, The End, tous ces moments d'anthologie, si brefs mais si preneurs... Nothing more to say. Aucun moment de répit, aucune mauvaise chanson, Abbey Road, c'est ça. C'est un album bouleversant, toujours aussi bon à écouter après tant d'écoutes. Mon grand préféré des Beatles, leur oevure ultime, la plus ambitieuse. Chef d'oeuvre absolu, comme si après cet album, il ne devait plus rien avoir...
Meilleure chanson: Something
Let It Be, 1970: En 1969, les Beatles partaient sur un projet nommé "Get Back", qui capotera au profit d'Abbey Road. Toutefois, des extraits ce ce projet abandonné sortiront: l'éponyme Get Back, Don't Let Me Down, et des versions alternatives à celles que l'on connaît de Let It Be et Across The Universe. Tout ça sort en 45 Tours courant 1969, comme ça, le grand public est content et n'en parlons plus. Abbey Road se fait et est évidemment un succès. Et alors que, pour tous les membres du groupe, c'en est fini de l'aventure Beatles, ce goinfre de Phil Spector débarque chez eux. Spector, ou le plus grand producteur soul/pop/rock de tous les temps, un génie aussi grandiose que fou furieux (au sens propre: le gars est actuellement en prison pour meurtre !). Son objectif ? Reprendre les bandes du projet Get Back, et en faire un 33 Tours en quelques sortes posthume. Le nom de Get Back est abandonné au profit de Let It Be. Le disque sort en Mai 1970, un mois après l'annonce officielle de la séparation du groupe par McCartney. Un disque de 35 minutes, relativement court, donc. Pas de Don't Let Me Down ici; en revanche, les autres chansons déjà sorties sont reprises. Get Back pour conclusion d'album, quasiment intacte par rapport à celle que l'on connaissait déjà. En revanche, le solo de guitare de Let It Be a été modifié et rallongé, tandis que Across The Universe est plus sobre, et baissée d'un octave, pour donner les versions définitives. Ces trois chansons, les deux premières de McCartney et la dernière de Lennon, sont devenues des classiques. Si Get Back n'est pas exceptionnelle, les deux autres sont immortelles et, on ne peut le nier, superbes. Surtout Across The Universe, que beaucoup jugent comme étant la dernière grande chanson du groupe. Parce que le reste de l'album est souvent décrié, rejeté. Que vaut-il vraiment ? Bon, c'est vrai qu'il y a des trucs pas top. Les deux intermèdes de 40 secondes, Dig It et Maggie Mae, ne servent strictement à rien; le For You Blue de Harrison n'est vraiment pas jouasse, et One After 909 est médiocre. Mais le reste s'en tire pas mal ! Two Of Us, dans la pure veine McCartney, est excellente, comme I've Got A Feeling et le beau mais néanmoins pompeux The Long And Winding Road. Lennon va dans la sobriété avec le très beau Dig A Pony, et Harrison signe le plutôt efficace I Me Mine. Dans l'ensemble, oui: en dehors de l'éponyme et de Across The Universe, ce Let It Be posthume n'a rien d'exceptionnel, et on est loin de Abbey Road. Ce qui est très chiant, aussi, avec ce skeud, c'est que, entre chaque chanson ou presque, l'auditeur doit se fader les sarcasmes d'un Lennon arrogant qui n'y croit vraiment plus. Mais c'est bien moins naze que certains ont pu dire, et ce Let It Be à la pochette très réussie demeure quand même un album important, le 12ème et dernier opus studio d'un grand, d'un immense groupe. Et John de conclure l'album avec cette phrase qui restera dans les annales: j'espère qu'on a réussi l'audition !
Meilleure chanson: Across The Universe